Il persiste un mythe tenace dans l’imaginaire collectif et même parfois chez les professionnels : celui d’une supposée violence intrinsèque des personnes autistes.
Cette représentation, qui tient à un vécu concret de la part des professionnels qu’on ne saurait démentir (tirage de cheveux, pincements, strangulations, etc…), est pourtant erronée dans le fond ! Elle participe à la stigmatisation et nuit à la qualité de leur accompagnement. La violence n’est pas une caractéristique du Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA). Les personnes avec TSA peuvent, en revanche, présenter des comportements-défi (il n’y a pas d’erreur d’orthographe, c’est une traduction de « challenging behavior » !), c’est-à-dire des comportements qui interrogent ou déstabilisent les accompagnants, car ils sont inadaptés dans un contexte donné, et qui représentent un défi pour la personne qui l’accompagne
Ces comportements peuvent être des moyens d’expression face à une situation incomprise, un besoin non satisfait, une surcharge sensorielle ou encore unedouleur non verbalisée. Conformément aux Recommandations de Bonnes Pratiques Professionnelles (RBPP) de la Haute Autorité de Santé (HAS), il est essentiel de dépasser une lecture punitive ou moralisante de ces comportements, et d’adopter une approche fondée sur leur fonction : que cherche à dire ou à obtenir la personne? Quelle est la fonction de son comportement ?
Dans ce cadre, le modèle fonctionnel ABC (Antécédent – Comportement – Conséquence) issu de l’ABA (Applied Behavior Analysis) permet de déterminer la fonction du comportement, ce qui le déclenche et ce qui le maintient.
Les formations de Perce-Neige FORMATION cherchent à utiliser ce modèle issu d’une démarche scientifique, pour améliorer la qualité de l’accompagnement :Pour dépasser le vocable de gestion de crise ou d’arrêt de la violence on va s’efforcer de comprendre le message comportemental d’une personne en tenant compte de ses singularités. Le respect des particularités sensorielles, cognitives, émotionnelles et motrices est fondamental dans cette perspective. La recherche d’une potentielle douleur est essentielle.
Pour comprendre il faut évaluer. Il existe des outils validés comme les grilles d’évaluation de la douleur, les profils sensoriels, les évaluations et les analysesfonctionnelles, les évaluations du mode de communication, ou les systèmes structurés. Ils permettent de mettre en œuvre notre analyse et notre observationpour soutenir des stratégies d’accompagnement individualisées, adaptées et bienveillantes.
Enfin, le recours à des supports visuels, à la structuration de l’environnement, au développement de compétences de communication (notamment en CAA) est recommandé pour prévenir l’apparition de comportements défi.
En somme, il est crucial de remplacer la représentation de la violence par celle du comportement-défi, dans une logique éthique, inclusive et professionnelle. Nous sommes là pour ça !
Agnès Kalita Maertens